PatouSamedi 25 juin 2016 13h30 : Départ avec Isa pour Saint Lary Soulan histoire de faire le lendemain le marathon du Patou Trail en mode relais, soit 21km chacun avec 1520 de D+ pour Isa et 1880 pour bibi (bibi c’est moi). Dit comme ça ma fois ça ne semble pas être insurmontable, mais dressons le portrait … Isa a terminé sa saison de piste sur 400 et 800 mètres il y a 8 jours, et de mon côté il y a à peine 15 jours je parcourais les 100km du Grand Raid de Camarque (si vous êtes passé à côté c’est là). Bref autant dire que les cartes ne sont pas les mêmes, d’autant que la distance maxi réalisée par Isa en course est de 15km sur un relais au BrassacATRAIL 2014 (c’est là). Voilà, voilà, voilà… 2h et des brouettes plus tard, nous voilà donc arrivé au camping, plantage de tente, « sortage » de toutous (bah oui ils ont suivi les 3 monstres), retrait de dossards. Et hop on tombe sur Céline et Benoît qui viennent de tourner comme des avions sur la course du jour, le tour des villages, où ils se sont classés respectivement 5ème et 3ème sur un 15km 1100 D+. Ben du coup on en profite pour se jeter une petite boisson houblonnée, petit moment bien sympa, et hop préparation du repas pris sous le auvent. Il fait un peu frisquet d’ailleurs un petit 9°, du coup bah on traine pas, une douche bien chaude et dodo… Enfin dodo, ça c’était le plan, dans la pratique Isa se fera une belle nuit blanche et de mon côté j’ai quand même plaqué deux belles heures de sommeil. En cause une belle toux grasse SlimaCkesque d’Isa (Définition de la toux grasse SlimaCkesque voir le CR des France de Montagne ici).

PatouNous voilà donc à 5 heures, le réveil sonne, mais bon plus pour le fun car ça faisait un moment qu’on l’attendait. Autant dire que si hier on n’était déjà pas serein, le manque de sommeil n’arrange rien, mais bon on y est, on y va ! Après les derniers préparatifs direction l’aire de départ, et il y a beaucoup de monde qui s’affaire. En effet 75 relais et 350 solos vont s’élancer, ça fait du monde… Un coucou au Patou, le badgeage et il est 6h30, l’heure du départ. Isa semble détendue, mais je pense qu’intérieurement elle doit drôlement se questionner. Quand faut y aller, faut y aller, et Bim c’est parti. Je la regarde s’éloigner quelques minutes et file vers le campement. A ce moment là je suis vraiment dans l’expectative, je n’ai aucun souci quand à l’aspect psychologique d’Isa, si elle a décidé d’en terminer elle le fera quels qu’en soient les soucis, en revanche je n’ai pas envie qu’elle se blesse ou qu’elle s’écoeure, j’espère simplement que ça va passer et que d’elle même, si pépin il y a, elle saura relativiser quitte à mettre le cligno s’il le faut.

departAlea jacta est, comme disait l’autre, de mon côté je n’ai plus rien d’autre à faire qu’attendre, combien de temps, je ne le sais pas. Je sais qu’elle ne me passera pas le témoin avant 2h45, car on a un peu regarder les temps de l’an dernier, j’estime son parcours à 3h / 3h15 et j’espère être dans les clous, non pas que l’on vise quoique ce soit, juste pour qu’elle ai un temps de course raisonnable. Après avoir rangé 4 bricoles sur le campement, je monte en voiture avec les toutous direction Tramezaigues, à 4km de là, lieu du passage de relais. Il est 7h30 quand je me gare, je me demande où peut en être Isa, si elle vit bien sa course. Par moment il bruine et le ciel est bien bas avec un épais brouillard autour des montagnes. Je sais que j’ai presque 2 heures à attendre, il n’y a encore pas grand monde dans les rues du village, j’en profite pour prendre les 3 toutous et les balader pendant 3/4 d’heure sur les sentiers bordant la commune. Après avoir manqué de perdre Canelle à 53 reprises et après avoir pu tester le fait qu’autour du village, bah rien n’est plat, je me cale dans la voiture et me pose une demi heure en fermant les yeux en ayant pris soin de mettre le réveil au cas où. Si vous avez bien compter, ça fait 2h15 de course maintenant pour Isa.

dossardUn dernier check au sac, j’accroche mon dossard sur mon short de trail 3D-FLEX, enfile mon T-shirt de trail 3D-Flex PERFECT (il sera d’ailleurs parfait pour cette course), et hop direction l’aire de passage de relais, devant la mairie, histoire de voir les premiers passer et aussi voir les forces en présence sur les relais. Et les premiers ne vont pas tarder, ils passent en 2h20 environ et ont un rythme monstrueux, sacré level donc surtout quand on sait que ce sont des solos et que le premier relais leur emboite le pas en 4ème position. et les passages s’enchainent, je piste les dossards pour voir si ce sont des solos, le premier relais mixte pointe en 2ème position au scratch, bref ça envoie du pâté grave car il est à peine 9 heures et déjà 3 équipes sont passées. Je discute un peu avec les premiers relayeurs à propos du parcours et du coup m’inquiète un peu plus, car les descentes ont été rendues plus techniques par l’humidité. Le speaker m’entre-aperçoit dans la raquette de départ, surpris, il me demande si je n’ai pas fait la Camargue 15 jours plus tôt, bah si je lui dit, il me dit alors je ne te demande pas si tu es remis sinon tu ne serais pas là, mais j’ai dans l’idée que tu vas charger …. Puis au micro de me féliciter pour ma 13ème place sur le Raid, ça fait bien plaisir.

4Il est 9h30, ça fait donc 3h qu’Isa est dans la course, je décide de sortir du sas pour aller à sa rencontre, là installé sur un promontoire je scrute le bas d’une sacré belle côte par laquelle les coureurs arrivent, certains avec la mine bien déconfite. Puis vers 9h35, qui vois-je au bas de cette bosse ? Facile… C’est Isa en mode micro machine, les bâtons à la main, la tête dans le guidon, imprégnant un gros tempo. Je l’encourage, elle lève la tête et redouble son tempo. Je descend me cale à son côté, la félicite, elle me dit « Elle est où l’arrivée ? » à son intonation elle aurait claqué un « Bordel » à la fin de sa phrase ça aurait été pareil. Elle est dans le dur, plus que 300 mètres, allez allez… Nous arrivons enfin dans la raquette, nous badgeons tous les deux, un bisou et feu… Je suis dans la course, à moi de jouer et plein de fierté pour la belle perf d’Isa. Elle l’a fait et à un sacré rythme. Devant je rattrape très vite des solos, normal en même temps, mon regard se pose alors sur un coureur à 100 mètres devant et je lui emboite le pas dans une descente. C’était 100% erreur de ma part, en me calant sur lui, j’ai raté une rubalise que lui n’a pas vu non plus, bilan 400 mètres de descente qu’il a ensuite fallu remonter. Je m’en bouffe les doigts mais repart de plus belle en reprenant ceux que j’avais doublé quelques instants avant. Ils ont du se demander ce que je pouvais bien trafiquer d’ailleurs.

Capture d’écran 2016-06-27 à 11.53.24D’entrée je me prend un petit 200 de D+ sur les 1500 premiers mètres. Je me mets à la marche sur de petites portions mais dans l’ensemble je trotte tout. Belle entrée en matière je me dis à ce moment là, les jambes répondent parfaitement et c’est mon cardio qui conditionne ses petites phases de marche je me mets 100% à son écoute car le géant « Consaterre » nous attend à près de 2400 mètres d’altitude. J’arrive donc (heureusement) sans encombre au sommet de cette première difficulté, devant maintenant de la descente via une piste forestière… Feu ! je met les gaz et double une quinzaine de coureurs et au pied de la descente au 4ème kilo, passe mon tour sur le ravito et là … Ben là, c’est là que tout commence. Devant moi 5,2km de distance à parcourir avec un léger D+ de 1482m. A partir de maintenant on pose le cerveau, je quitte la route et en rentrant sur le single en sous bois je me rend mieux compte de l’ampleur de la tache, alors bien sur c’est au pied du mûr qu’on voit le maçon, mais là j’y suis au pied et je ne suis pas maçon mais coureur. Non de non d’entrée que c’est raide. Malgré ma surprise je décide d’imprégner un certain tempo histoire de voir jusqu’où ça va, bâton en main, tête baissée j’arpente le sous bois en mode je ne lâche rien !

débutEn même temps je sais pourquoi je suis là dans moins d’un mois, avec la Team CimAlp je prendrai le départ de l’UTMC, 86km et 4500 de D+, donc autant dire que si ça ne passe pas là … Pas la peine de faire le voyage ! Chemin faisant je me rend compte que mon tempo est propre. Très régulièrement je double alors certes des solos, mais aussi des relais, c’est bon ça. Je décide alors de jeter un oeil au gps histoire de voir où j’en suis et là, c’est le drame. Tout comme au Trail de la Dent d’Orlu l’an dernier (C’est là), il ne capte plus le signal, le brouillard et les arbres ont eu raison de lui, impossible de savoir combien ça va durer. C’est le moment de me mettre le mp3 sur les oreilles et le Ghost des Skip The Use me fait oublier cet incident. Devant beaucoup de solos commencent à accuser le coup, certains crampent, d’autres sont à la marche très lente. De mon côté je suis vraiment agréablement surpris car le cardio ne monte pas et on ne dirait pas que mes guiboles ont fait un 100 bornes 15 jours avant. Je m’offre même le luxe de courir par moment, surtout quand je reviens sur des files de 4 ou 5 coureurs, vu que le terrain ne se prête pas au « doublage », j’emprunte donc la bordure et aussitôt reprend ma marche nordique version 78 tours.

coteJe ne saurai pas dire en distance combien de kilomètres sont parcourus, mais petit à petit nous quittons la forêt et le paysage s’éclairci. Je m’étais fixé, sur le papier, 2 heures pour grimper, ça fait maintenant une heure que j’ai entamé le chantier et je ne sais pas où je suis. En traversant un troupeau de vache je songe bien à leur demander où on en est mais leur regard bovin m’en dissuade. Comme si c’était possible la pente se fait alors de plus en plus raide, est ce visuel, est ce réel ou bien est ce que ce sont mes jambes qui commencent à accuser le coup ? Bah non la pente raidie bien et je commence à sentir les effets de l’altitude. Malgré ça, certes le tempo baisse un peu, mais il en demeure satisfaisant, les sensations sont là. Je ne dois quand même pas être beau à voir, courbé dans le mûr, les deux mains profondément posées sur les bâtons, le regard au sol. Le paysage change encore, il se fait plus pierreux, et « à m’en donné » surprise… Plus de brume, je sors la tête des nuages à la rencontre du soleil, et 10′ après dans le mp3 le générique des merveilleuses cité d’or (il y a vraiment n’importe quoi dedans) mais en attendant quelle coïncidence ! limite métaphysique le mode shuffle !!!

monteJe mets alors un petit coup d’oeil dans le rétro et là plus de vallée toute enveloppée qu’elle est par la brume, superbe spectacle. La neige fait également son apparition, elle ne me tombe pas dessus non, puisque le soleil est là, mais quelques névés nous signifient que le souffle qui devient plus court n’est en rien lié au hasard mais plutôt au fait que cela fait un moment que l’on grimpe et qu’on commence à être bien haut. D’un coup, bim deux relayeurs me dépassent, je ne les ai pas vu arriver plongé que j’étais entre musique et paysages, j’essaie alors d’augmenter le tempo, mais non, le cardio monte un peu trop et je ne vois pas le haut du sommet. D’ailleurs c’est curieux, plus haut j’en vois qui courent dans un sens et d’autre qui marchent dans l’autre, je comprendrai quelques minutes après car il s’agit là d’un croisement. Le sommet est un cul de sac, du coup de ce croisement jusqu’en haut la partie est commune et c’est pas coton. Dur dur de se croiser sur un single avec d’un côté toi qui grimpe en étant dans le jus et d’un autre des traileurs lâchés dans la descente. Par moment je peste intérieurement un peu car je manque de me faire une cheville en prenant l’accotement mais ça passe.

lacPeu avant le sommet, les appuis deviennent plus fuyant, il est tant que j’arrive car je commence à piocher un peu, mais bon il va y avoir près de 10km de descente maintenant et ça va être que du bonheur. C’est dans cet état d’esprit que j’arrive en haut, après avoir traversé un névé, au lac de Consaterre, c’est tout simplement splendide ! Je refais le niveau des gourdes, échange quelques mots avec des bénévoles super sympas, fait le tour du lac en marchant et en m’alimentant un peu, traverse un nouveau névé en manquant la glissade du siècle, et hop je me redresse paré à affronter la descente. C’est vraiment d’habitude mon élément de prédilection et là je sais que j’ai 10km pour faire le fou, bon il y a bien après le croisement 2km et un petit 100 et quelque de d+ mais rien de bien méchant. Le début est délicat, il faut remettre les jambes à mouliner, les appuis ne sont pas simples aussi car le chemin est accidenté, bon en même temps à presque 2400m d’altitude je ne m’attendais pas à trouver une autoroute. Mais chemin faisant ça coince et très vite j’ai deux douleurs… « T’as le bonjour des Flamants Roses ! » me disent de concert mes deux psoas. Et oui fallait bien qu’à moment donné j’ai un retour de bâton 15 jours après le Grand Raid, les deux psoas sont tout engorgés et très douloureux. Tout à très bien marché dans l’ascension, et d’un côté tant mieux j’ai pu bien bosser, mais là ça va être compliqué.

St LaryJe serre les dents et je sais que ça va être long et douloureux car il m’est impossible de me laisser aller dans la pente et de rendre la descente fluide. Et le fait d’être sur le frein à main va me faire taper d’avantage et par moment me coller des douleurs au niveau des lombaires. Je passe donc sur toute cette partie où je n’ai qu’une seule chose en tête, arriver à Saint Lary Soulan. Sur la fin de la descente le fait qu’elle soit moins technique la rendra plus fluide, mais qu’est ce que j’ai pu taper. Durant ces 10km seuls 3 concurrents m’ont passé, et aucune idée si c’était des solos ou des relais… Je pousse un ouf de soulagement en traversant la première rue il me reste un petit kil à faire sur le plat. Devant moi un coureur est à 150 mètres mais impossible de m’en rapprocher, et puis devant le camping, Isa ! Elle se met à mes côtés pour faire les derniers hectomètres avec moi. Je lui dit que j’ai les psoas à gaver de toxines, elle de son côté semble avoir bien récupéré, et sans crier gare nous nous rapprochons du coureur devant, une dosette de mentaline plus loin et c’est à 16km/h que nous le dépassons et franchissons l’arrivée sous les applaudissements fournis du nombreux public. Ouf !! Il m’aura fallu 3h30 pour parcourir ces 21km. J’ai été bon dans mon estimation pour l’ascension, j’avais prévu 2h et j’y suis à une minute près, mais la descente à durée 30 bonnes minutes de trop. Bon, good job quand même ! Bilan 26ème relais scratch et 9ème équipe mixte, mine de rien on savoure car on n’était pas préparé à tout ça ! Encore moins Isa et ses 800 mètres.

recupUne bonne douche plus tard, bien que sensibles les deux psoas en seront moins douloureux, faut drainer… Et pour ça une bonne pizza et des boissons qui vont avec estomperont encore. Bon en fait ça tire encore même en ce lundi, il va falloir être prudent pour la suite. Tout en déjeunant nous avons pu apprécier les arrivés des autres relais et des solos et les spectateurs étaient toujours présent plusieurs heures après l’arrivée des premiers, chaque finisher avait droit à l’ovation d’un large public avec une super ambiance. C’est à noter car une ambiance comme ça qui dure, c’est top ! Chaque coureur peut savourer son arrivée comme il se doit. C’est quand même bien calmé par la course et la courte nuit que nous reprenons la route. Prochaine étape un canicross à Font Romeu de 10km et 300D+ dans le cadre de la Kilian dimanche prochain… Feu !!! Zazaw en piaffe déjà d’impatience.

To Be Continued…

Photos DR et Merville Trail / Running Mag

Patou Trail

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