Vendredi 12 avril 2019 : C’est vers 9h qu’une fois la voiture chargée je prends la direction de Cahors pour disputer le premier ultra de la saison. Bon j’avoue depuis le Tor des Géants (soit depuis le mois de septembre dernier) le bornage n’a pas été au rendez-vous. En moyenne mes semaines se sont élevées à une quarantaine de petits kilomètres en course, ce qui pour ce genre d’épreuve est largement insuffisant. Cet ultra affichant un parcours qui, sur le papier, semble bien roulant (180km pour 3700m de D+), je me suis quand même « infligé » un mois avant, deux semi-marathons (non relatés sur ce site tellement ce serait rébarbatif à lire). Côté tempo sur 1h30 je suis rassuré, en revanche pour ce qui est de la distance, c’est direction l’inconnu côté guiboles. Alors, cher ami lecteur, tu dois te demander pourquoi une telle course maintenant ? Bah simplement que seul un tel bornage je ne le ferai jamais et que fin juin, l’un des objectifs de la saison c’est l’ultra marin et que là bas ben va falloir trotter aussi. Et puis cet ultra avec ses belles photos m’avait tapé dans l’oeil depuis un bon moment, l’occasion de redécouvrir une région par les petits sentiers, m’étais je dit. Un peu avant midi me voilà arrivé au Camping Rivière de Cabessut, camping situé à seulement 800 mètres du départ. Après avoir reçu un très bon accueil, c’est maintenant atelier montage de tente, puis une fois le camp de base établi je lance la cuisson des crozets aux chanterelles. S’ensuit une petite sieste sous la tente chauffée par un soleil généreux et vers 16 heures direction le stade pour retirer mon paquetage de course. Sur place j’ai rendez-vous avec Jurgen qui doit me remettre une des nouvelles frontale Go’Lum a tester sur cette course, et que ben vous aurez mon avis sur cette frontale un peu plus bas quand il fera nuit bien sur !

C’est alors qu’arrive Thomas, avec qui j’ai fini le Tor des Géants cette année et que je n’ai pas revu depuis, bien sympa que de le retrouver et de pouvoir papoter en terrasse. Bière bue, matos de course récupéré, frontale check, je croise alors Serge lui aussi engagé sur le 180km. Retour au camping, un bon plat de nouilles chinoises et hop un bouquin et sous le duvet. Bon ça caille un peu en dehors du duvet, d’ailleurs la toile de tente sera givrée le lendemain matin à 6 heures au levé. Au petit matin je décide alors de rajouter quelques vêtements plus chaud dans le sac d’assistance histoire de ne pas me geler durant la nuit et compte tenu de la température négative je pars avec trois épaisseurs en haut, le corsaire en bas et une paire de gants. Par précaution je prend la voiture pour me rendre sur le lieu de départ, histoire que si il y a des bobos je ne sois pas obligé de regagner le camping en rampant. Ça caille vraiment sur le stade, il est un peu plus de 7h du matin et tous les concurrents se massent autour de petits radiateurs dans le vestibule situé sous les tribunes. Arrivent alors Serge et Thomas et nous voilà vers 7h50 obligés de sortir pour écouter le briefing. Pas de grandes surprises au briefing si ce n’est que la rubalise est blanche et réfléchissante, c’est à dire qu’elle ne va pas trop ressortir en journée. Bon en même temps les VTTistes qui s’élanceront sur le même parcours en partant de nuit et en allant beaucoup plus vite l’auront, eux, plus facile. Côté ravitos on savait, juste un point d’eau tous les 25km environ et un point solide/liquide tous les 45. Là dessus je ne suis pas inquiet, j’ai emporté à la fois dans le camel mais également dans le sac d’assistance de quoi me Mulebariser largement, et pour l’eau tant qu’il ne fait pas chaud ça ne doit pas poser de soucis. 8 heures, nous nous réunissons sous l’arche et … BIM !!! Comme d’hab nous voilà partis.

Devant c’est parti fort, très fort même, je me cale avec Thomas et nous allons faire un joli tour dans Cahors environ 6km en empruntant différents ponts, dont le Pont Valentré classé à l’UNESCO. Tout en bavardant je jette de rapides coup d’oeil à la montre histoire de ne pas nous laisser aspirer par les premiers partis à des allures qui laisseront des traces plus tard. Sortie de la ville, première bosse pas longue certes mais que je me force à marcher histoire de ne pas perdre trop de jus d’entrée de jeu. En effet les 90 premiers kils sont plutôt sous une forme ascendante alors que les 90 derniers ont un profil plutôt descendant. L’arrivée sur ce premier plateau nous fait dominer Cahors et le beau temps arrive. J’enlève alors mes deux vestes et les gants et zou… En avant. Une belle descente arrive et je me détache petit à petit de Thomas. Mais arrivé en bas, première surprise, une dizaine de coureurs sont massés autour d’une rubalise plutôt axée à gauche mais qui ne mène à aucune autre. Petit à petit le flot des autre coureurs arrivent, ça part à droite, à gauche quand tout à coup nous entendons c’est à droite. En effet à 400 mètres au dessus nous apercevons le sésame nous indiquant le bon chemin. Le balisage devient en effet de plus en plus minimaliste, il suffit alors de rater l’une des rubalises qui sont très espacées pour douter ou simplement prendre un mauvais chemin. Pour l’instant ça reste assez intuitif quand même car nous cheminons à la fois sur de larges pistes, voir bien (trop) souvent sur de la route, fini les jolis singles du début. Nous étions 100 au départ de la course et maintenant il n’est pas rare de se retrouver un peu isolé, en même temps j’aime bien ça. Me voilà sur une portion route et je la trouve vraiment très longue, je commence à m’inquiéter du balisage, mais rien, je poursuis toujours rien, je stoppe alors. Deux coureurs me rejoignent nous cherchons alors ensemble quand au bout de 5′ nous nous résignons à rebrousser chemin.

Au passage nous croisons d’autres coureurs qui font également demi tour, ça commence à râler dans le peloton mais toujours rien, enfin après avoir, pour ma part couru quasiment 1 kil dans un sens et donc dans l’autre nous voyons enfin l’embranchement piège, un croisement qui ressemble à l’entrée d’une maison où le balisage se trouvait tout à gauche alors que pour la plupart nous cheminions à gauche de la route. Bref don’t act et un bon quart d’heure de paumé et me revoilà au sein d’un gros groupe. Un poil énervé, à la faveur d’un long faux plat montant alternant route et piste j’accélère un peu et me retrouve à nouveau seul. C’est sur ce type de chemin que se profile le premier ravito liquide au bord d’une route. Le temps uniquement de compléter les gourdes et je repars, il n’y a rien pour se poser de toute façon. 25km dans la musette et pour le moment je ne m’amuse pas trop trop. Heureusement la partie qui arrive est plus plaisante, chemins moins larges, plus de raidillons et des vues beaucoup plus sympa. Nous traversons le village de St Cirq Lapopie, c’est magnifique ! Puis nos empruntons un ancien chemin de halage creusé sous la falaise, là aussi le regard retrouve des étincelles. S’en suit un passage original sur un ancien pont de chemin de fer. Concentré en quelques kilomètres voilà ce qu’il y aura eu de plus beau dans ce trail (en tout les cas sur la partie que j’aurai couru). Peu à peu nous retrouvons les larges pistes et leur balisage aléatoire et le soleil commence à bien taper. Un coup d’oeil aux gourdes, il va falloir gérer. Je suis pourtant parti du précédent ravito avec 1,6 litre, mais si je continue à ce rythme là les réserves seront épuisées bien avant le prochain ravito qui se situe au 45ème kil.

Une belle descente de 3km, une montée un peu plus sèche et une belle descente enfin typée trail et me voilà au 45ème kil synonyme de ravito solide. Il était temps je ne devais avoir que deux ou trois gorgées dans mes gourdes. Je file dans la salle, pas de pointage, de grands plats mais peu garnis. Heureusement je trouve mon bonheur dans une soupe et quelques tucs, prends quand même une banane pour me caler et, une fois le plein des gourdes fait je file, enfin je file m’assoir une centaine de mètres plus loin pour faire un point téléphonique avec Isa. Je râle un bon coup au téléphone après la course, et, un peu plus apaisé par ses encouragements, repars. La moyenne est bonne pour l’instant je me console donc avec ça, d’autant que pour l’instant pas de douleurs. Cela dit, j’ai parlé un peu trop vite, le tendon d’Achille gauche commence à pointer le bout de son nez. Je m’applique donc à essayer de mieux me placer mes appuis mais au bout d’une dizaine de kilomètres à taper sur les routes ou pistes qui déroulent sous mes baskets, bah ce sont les psoas qui se mettent à s’engorger par manque d’entrainement. Irrémédiablement la foulée devient moins propre et le tendon relance ses signaux habituels.

Quand j’arrive enfin au point d’eau intermédiaire, sur lequel il n’y a à nouveau aucun siège pour se poser, je sais que la partie s’annonce compliquée. Il me reste 25km environ avant la prochaine base de vie et j’ai maintenant pris du retard sur mes projections horaires. Je ne m’attarde donc pas et file tranquillou en alternant course et marche sur ce profil en faux plat montant. Une longue piste bordée de pierres et de prés a raison de mon moral, même en rythmant de temps en temps j’ai l’impression de ne pas avancer. La monotonie du plateau a eu raison de mon mental. Les douleurs au tendon s’accentuent, et je me focalise de plus en plus dessus, le joli cercle vicieux. Le soleil commence à baisser à l’horizon et malgré son beau couché qu’il m’offre le moral sombre alors que les douleurs me rigidifient la cheville. J’arrive enfin dans un village, il ne reste que 10 à 12 km plutôt typés faux plat descendant. Les températures très chaudes de l’après midi ont bien chuté, j’enfile alors une première veste et reprend mon chemin après une petite pause au pied de l’église. Je parcours difficilement 5km tout en souffrant de plus en plus, à la fois pour le tendon mais aussi de ne pas voir le paysage défiler. J’ai beau mettre la musique rien n’y fait. La nuit s’installe alors peu à peu, il est temps de sortir la frontale.

Je mets en pause le récit de la course, en même temps à ce moment là rien de bien passionnant me concernant puisque mes allures ressemblent à s’y méprendre à celles d’un escargot boiteux. La veille j’ai reçu des mains de Jurgen la Go’Lum Piom+ afin de la tester en condition réelle. Certes je ne suis pas coutumier des tests en course, j’aime bien éprouver le matos avant de me lancer, mais la frontale promettait tellement que, bon allez, je me suis dit c’est l’occasion. J’ai donc testé les diverses fonctions avant le départ, réajusté la sangle de maintien, vérifié les deux batteries et maintenant que je suis en course et qu’il fait nuit, bah on va voir ce quelle a dans le ventre cette bestiole. Déjà dans le sac elle se faisait discrète, mais sur la tête ses 125 grammes se font très vite oublier. Un petit coup de resserrage à la sangle et la voici parfaitement ajustée. La nuit n’étant pas encore noire de chez noire, je me cale sur la deuxième puissance en mode 160 lumens et vu mon allure c’est juste parfait. La lumière n’est pas blanche et blafarde comme sur certains modèles, du coup j’appréhende beaucoup mieux les reliefs au sol, il n’y a pas ce faux effet de profondeur que procurent certaines lumières trop blanches.

La nuit s’épaissit alors. Je teste les 5 degrés d’intensité, 80 Lumens vu mon allure ce faisceau serait largement suffisant et promet une belle autonomie à la lampe sur le papier, 160 en alternance marche course c’est là aussi l’idéal pour une nuit sur un ultra, 300 là c’est le mode grand confort, à ce moment là je n’ai aucune idée de l’autonomie, en regardant un peu plus tard je verrai qu’elle peut tenir ainsi plus de 6h30, du coup avec les deux batteries fournies c’est juste parfait pour passer une nuit complète dehors. Je monte maintenant à 500 bon là on se rapproche du mode plein phare en voiture et la douceur de la lumière est néanmoins peu agressive, c’est une lumière chaude qui se diffuse et apporte un super confort à la vision nocturne. Porteur de lentilles, bon je suis miro vous l’aurez compris, et donc avec une vue assez fragile j’apprécie énormément. Bon pour le coup je ne suis pas en train de dévaler plein gaz une pente à 20%, mais dans une telle situation l’intensité serait parfaite en permettant une excellente anticipation. Me manque plus que le mode 1000 lumens à tester, j’appuie un coup de plus sur le bouton silicone et là Flash ! Le phare d’Alexandrie à côté était un petit joueur. Le faisceau part à plusieurs centaines de mètres éclairant ce qui semble être à l’infini toutes les rubalises réfléchissantes que j’ai tant peiné à voir dans la journée. Bon sur ce mode là vous prenez des appels de phare en cas de croisement avec une voiture, c’est juste énorme et idéal pour repérer un terrain particulier ou encore, comme là, la ribambelle de rubalises.

Il me reste cependant encore un mode à tester et c’est le moment idéal car une petite descente s’offre à moi. Un appui bref suivi d’un appui long et me voici en mode intelligence. Sur le coup l’intensité du faisceau baisse de manière inexorable, je suis à la marche et c’est suffisant, dès mes premiers appuis l’intensité augmente, non pas en lien avec la luminosité ambiante, mais juste parce que je vais plus vite. C’est vraiment bluffant comme système. Plus tu vas vite et plus tu éclaires, tu ralentis et l’intensité s’adapte à ta vitesse, c’est juste génial. Tellement parfait que je resterai sur ce mode jusqu’à la base de vie. Et cette base de vie me direz vous, où en est-on ? Concernant le test, il s’achèvera malheureusement là bas, mais reprenons le récit alors ! Attend je n’ai pas fini avec la Go’Lum… Il manque le bilan. N’ayant eu que deux heures au final pour la tester, je ne pourrai pas vérifier l’autonomie par moi même. En revanche concernant le confort (et c’est important quand tu te trimballes une frontale pendant des heures), les différents modes d’intensité, la qualité de la lumière, en l’occurence la douce chaleur qui en émane, bref je lui donne 5* sans aucun problème. Le made in France et son savoir faire a encore triomphé !

Bon et donc la course ! Pendant que je faisais joujou avec la frontale, le tendon s’est raidi au fur et à mesure. A 5km de la base de vie je sais déjà que je vais jeter l’éponge. J’ai trop mal et du coup je suis en train de me crisper d’un peu partout. Il n’y a qu’en descente où je peux encore trotter et encore à condition de bien m’engager, je ne peux donc pas les prendre en mode course éco. Le plat et les faux plats me font souffrir, bref, il est temps que ça se termine. J’ai trouvé le temps long, le ravito semblait ne jamais arriver, et finalement, au détour d’un virage, les lumières de Gramat. Après un dernier effort, j’entre dans la salle et remet immédiatement ma balise gprs ainsi que mon dossard à un bénévole. This is the end ! 95km au compteur et 2700 de D+, le compte est bon quand même pour la suite. Bien sur je regrette de ne pas aller au bout, mais la douleur au tendon est trop grande, et, en refroidissant elle s’amplifie de plus en plus. L’organisation m’annonce alors 1h30 d’attente pour la navette, no soucy on va attendre, surtout qu’ils sont supers sympa et que le buffet avec de la charcuterie va me permettre de me refaire un peu la cerise. Une heure plus tard Thomas, suivi de Serge feront leur entrée dans la salle. Ça me permet d’échanger un peu avec eux. Thomas repartira et terminera, chapeau champion ! Quand à Serge, mais je ne l’apprendrai que le lendemain, victime d’une hypothermie il conclura sa course au même endroit que moi. La température ayant viré au négatif, je remercie une fois de plus ma Storm Pro qui m’a évité de me retrouver en pareille situation vu mes allures. La navette arrive, nous sommes deux à nous faire rapatrier, et après un peu plus d’une heure de route nous voici à Cahors. Merci encore au chauffeur pour sa bonne humeur et son efficacité. Direction le camping pour moi, avec, avant de me coucher, une douche éclairée à la frontale. Le lendemain matin le tendon est très douloureux, peut être plus que la veille, mais la douleur disparaitra complètement le lundi matin, étonnant et surprenant, parfois il ne faut pas chercher à comprendre. En revanche le dimanche un bon repas avec Serge et Régis laissera à ce weekend un excellent souvenir grâce à cette conclusion. D’ailleurs je vous recommande, le patron est un coureur à pied également, « Les petits Producteurs » à Cahors, un super accueil, de supers plats locaux et un Malbec terrible !

Conclusion, pour une première édition il y a pas mal de choses à revoir en terme de parcours, ce dernier est réellement adapté aux VTT qui, pour info, boucleront les 180km à plus de 20km/h. Je pense qu’il y a pas mal de singles à exploiter pour en faire un bel ultra. Le balisage et les ravitos sont également à améliorer sensiblement. Mais compte tenu de l’écoute et de la gentillesse de l’organisation je suis persuadé qu’ils tiendront compte des remarques pour transformer l’essai en 2020.

Et pour moi maintenant on va se lancer dans la prépa de l’ultra Marin fin juin avec certainement des dossards de prépa intercalés !

To Be Continued …

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