punchoSamedi 9 mai 2015 – 6 heures le réveil sonne, tranquillement je me lève et petit à petit me prépare… Bizarrement mon sac n’a pas été fait la veille, sans me presser je le garni, pas de hâte en ce samedi matin. Le petit dej avalé, une bonne douche et Go, je prend la route. A non faux départ 10km après être parti je me rend compte que j’ai oublié mon repas, je reviens et repars toujours tranquillou. Un peu comme si au fond de moi une petite voix me disait « mais reste là cono »…

Comme pour aller passer un exam, c’est le ventre un peu noué que je prend la direction de Millau pour prendre part à la Vertical Race. Il faut dire qu’avec ma petite préparation canal du midi les côtes me font un peu peur. Et bon là pour le coup la Vertical Race c’est quoi ? Deux manches de 2,3km, bon jusque là no soucy… Non le souci c’est que sur chacune des manches il y a 500 mètres de D+, soit un kilomètre vertical en deux portions, et comme on voit sur la photo, ben de l’aire de départ il faut aller à l’antenne tout là haut, là haut. Bon ça je ne le savais pas encore en étant dans la voiture, du moins je ne me rendais pas bien compte, sinon je crois que j’aurai peut être fait un forfait.

10h30, j’arrive à Millau, je trouve la base de vie « le Golf Café » très rapidement. Le retrait de dossard se fait là aussi très vite, j’avale un petit café et décide de faire une mini reco. Je pars donc vers l’aire de départ et essaie de deviner un peu le chemin et où va t’on arriver… Dans un premier temps je me dit non ce n’est pas possible, ce n’est pas ce sommet beaucoup trop loin et escarpé.

400J’emprunte les premiers mètres de l’ascension, tout est déjà balisé et en place, ça monte mais bon rien de grave, je me rassure un peu en me disant que c’est jouable. Mais petit à petit je me rend à l’évidence, si les premiers mètres sont certes pentus mais sans plus, ça va être comment plus haut ? Un premier panneau annonce les mètres de dénivelés restant, on est toujours sur le goudron, je continue ma progression lentement en profitant du panorama qui s’offre à moi, le viaduc en toile de fond et la ville de Millau tout en bas. C’est beau, mais, même en allant lentement, les jambes peinent à monter. et d’un coup, le goudron s’efface pour laisser place à un monotrace caillouteux à souhait et raide comme, comme quoi d’ailleurs, raide comme la montée du Puncho d’Agast, ça tombe bien c’est là où je suis et c’est bien vers cette antenne que le monotrace monte. Bon là ça met un petit coup au moral, je monte un peu sur le chemin et sans (presque) exagérer, je suis parfois obligé de lever la tête pour éviter que mon nez ne frotte la pente, tellement son pourcentage est élevé.

Je redescend tranquillement vers la voiture, me restaure un peu, et stresse beaucoup. Après avoir connu pas mal de chose en athlé sur piste, après être parti avec une prépa 100 mètres sur le trail de Quéribus, je me rend compte que là, ben en fait je ne me rend pas compte, et comme jamais pour une épreuve de course à pied, je suis en stress !

denivLe départ de la première manche débutera à 13h15, de mon côté ce sera 13h44 car le départ est en contre la montre individuel toutes les 30 secondes. Je m’échauffe, prend un gel, j’ai l’impression d’être un cadet qui attend de rentrer dans les starts pour un 100 mètres en finale des France, tellement mon échauffement est bidon. Heureusement il fait chaud et pas besoin de trop en faire. 13h15, le premier décolle, et ça part fort direct, UFFFFF, je sais que je suis venu en qualité de figurant mais quand même je n’ai pas envie de me prendre 30 minutes non plus, va quand même falloir s’y mettre.

Un à un les concurrents partent, ça va être à moi, je vérifie mes lacets comme pour me donner une contenance face au Puncho d’Agast qui me toise, 13h43, 13h44… Bim je pars. Je suis concentré, et fais attention d’optimiser chaque appui, un coup d’oeil à la montre, je vais trop vite, je réduis l’allure, pour l’instant tout va bien, enfin je n’ai du faire que 500 mètres, mais j’arrive à courir tout le long de cette portion. Toujours sur le goudron, je réduis un peu la foulée, la pente se fait plus raide, je remonte un concurrent, je commence à avoir chaud et me félicite d’avoir pris mes gourdes. Peu à peu je me rapproche du sentier, le premier kil est passé, j’ai couru tout le long, mais c’est là qu’est l’os, devant moi se dresse le sentier et je vais en terrain inconnu.

Dès les premiers mètres des concurrents partis après moi me reprennent, ou plutôt me déposent, bref je prend un vent. On pourrait comparer ça à des chamois face à un phacochère. Je marche, quelques pierres roulent sous mes pieds, dès que la pente se fait moins raide j’essaie de courir mais n’y arrive même plus. Le premier kil a laissé des traces mine de rien, un coup d’oeil au gps, il me reste 1 kil à faire et ça va être le plus long que je n’ai jamais fait.

verticalLe peu de vent qu’il fait sur cette partie là n’arrive pas à me rafraichir, j’ai chaud, essaie de m’hydrater en marchant, les mollets se font durs et les quadris ne sont pas loin de cramper. Heureusement, disséminé ça et là, des bénévoles et des spectateurs m’encouragent. D’un coup un mur se dresse devant moi, environ 60 mètres qui vont sembler interminables, le pourcentage doit être aux alentours des 40%, j’escalade la falaise, un spectateur m’annonce un plat après ça j’ai du mal à croire tant je ne vois pas le bout de cette portion, je fais preuve de vigilance car je ne contrôle pas bien mes guiboles. petit à petit j’avance, me fait encore doubler, le pire c’est que je prend du plaisir à être là, il y a surement de la fierté, mais aussi la découverte, l’esprit d’aventure. Cette partie passée effectivement il y a un plat mais la trace est large d’environ 30 cm et à côté c’est « légèrement » abrupt. Je n’essaie même pas de courir.

Plus je monte plus il y a de monde, je marque une pause, et commence à entendre des encouragements, « allez Monsieur c’est presque fini, on ne s’arrête pas ! » me lancent des Djeun’s. Je repars et là j’entend pour la première fois « c’est pas facile pour les grands gabarits », j’aurai préféré l’entendre au rugby avant celle là, mais bon là je dois avoir une tête qui doit laisser transparaitre que je suis un peu dans le dur.

benPuis au détour d’un lacet, le mur final se dresse devant moi. Mais il n’est pas seul, il y a là près de 300 personnes réparties sur les rochers, ça crie, j’entend des cloches, j’entend même Joan Jett et son I love rock and roll, ben oui normal quoi y a même un DJ en haut, tout en haut. Le top, ça me relance même si mon allure doit avoisiner celle de la tortue peu avant l’hibernation. Les encouragements font chaud au coeur. Jamais je n’ai connu pareille chose. Un truc à vous dresser les poils, d’ailleurs ils étaient tous au garde à vous.

A quatre pattes je franchis ces derniers mètres, puis un peu de plat, et enfin l’escalier, impossible de le monter en courant, et ouf je suis en haut !!! Verdict 32′. Et les premiers ? des ovni’s 18’40 » c’est de la science fiction…

Au sommet c’est le ravito, on parle, on admire le paysage, on récupère tant bien que mal. Et là d’un coup, une question me vient, comment je vais faire pour gravir une deuxième fois le Puncho ? Direction la navette et on descend par la route cette fois ci et là encore on se rend compte de ce que l’on a effectué.

Arrivé au Golf Café, direction les résultats, bilan 92ème et compte tenu de quelques abandons seuls une poignée de coureurs s’élanceront avant moi, car le départ se fait dans l’ordre inverse du classement. Un coup de fil à Isa pour lui raconter rapidement la première manche et il me faut déjà me diriger vers la rampe de lancement. Mes mollets me crient « non n’y va pas pas ! », mes quadris me disent « reviens, reviens ! » Mais je me souviens de ce vieux proverbe chinois qui dit, « quand tu es monté en haut du Puncho d’Agast et redescendu, ben il te faut remonter ».

Le premier concurrent est parti, on m’appelle dans le sas, Mon cœur s’entirebouchonne autour de mes chevilles comme un vieux slip moite, je me mets en place et sans réfléchir je repars. Enfin sans réfléchir, disons que j’essaie juste de ne pas penser que j’ai l’impression de repartir avec un piano vissé au c*l. Je dose un peu mieux le départ ce coup-ci, car j’ai l’avantage de connaître le parcours, enfin l’avantage ou l’inconvénient parce que je sais ce qu’il y a à faire. La partie goudronnée passe, j’ai bien du marché une fois ou deux ce coup ci mais ce n’est pas plus mal.

publicJ’ai également doublé un ou deux concurrents sur cette partie et à l’amorce du monotrace, j’en reprend un autre, puis encore un autre. C’est dur mais j’ai comme l’impression que ça passe mieux. A mi-pente, je marche évidemment, mais j’ai l’impression que le l’allure est plus rapide. Les encouragements sont encore plus vifs que sur la première manche. D’un coup je réalise que je suis le premier coureur de la deuxième manche qu’ils voient. Du coup, alors que les encouragements de la première manche étaient déjà bien nourris, je bénéficie là de toute la ferveur.

Je fais très attention à la falaise, enfin à mes appuis, ne pas glisser si près du but, ne pas se faire mal, profiter à fond, en clair c’est un régal, encore mieux que le premier set. La partie plane arrive et ce coup-ci j’arrive à trottiner dessus, je m’étonne moi même. Enfin arrive le « mur » final. Les trois cent personnes sont toujours là, on dirait même qu’il y en a plus, et quand je pointe le bout de mon nez, c’est de la folie. Je souhaite juste à tout le monde de pouvoir goûter à ce plaisir. J’ai du être annoncé au speaker qui est bien plus haut et annonce mon prénom qui est alors repris, j’entend des « allez Benoît », les cloches sonnent dans tous les sens, les cris couvrent même la musique, il y a des tapes dans le dos, bref je vole ! Le public me transporte, j’entame même la montée des escaliers en courant, mes jambes lâchent, mais le public et le speaker me font aller au bout de moi. Ce ne sont pas les marches du festival de Cannes que je grimpe, non celles du Puncho d’Agast sont plus belles, il faut les mériter et le public est là pour vous y aider, c’est un instant magique qui résonne encore dans ma tête 3 jours plus tard.

escaliersIl ne reste que quelques marches, je ralentis, marche un peu, le speaker descend à mes côtés me prend la main et la ligne est passé, il me dit, « Benoît tu nous dis 3 mots », et mes mots qui feront date et seront bien au nombre de 3, seront les suivants : « Je vais vomir ! », j’ai fait 3 mètres, trouvé un beau buisson et j’ai vomi. J’ai été au bout de l’effort mais que c’est bon.

Peu à peu les autres concurrents arrivent, et ça va de plus en plus vite. Pour finir les 3 premiers arriveront à bloc au sprint en réalisant des temps de fou, encore plus rapide que la première manche. En temps cumulé le premier réalisera 37’10, de mon côté j’ai amélioré car gravi les pentes en 31′ et des poussières, en grande parti grâce au public. Bilan 1h04 en temps cumulé et une 85ème place.

Il est temps de redescendre après avoir échangé avec pas mal de coureurs, puis de reprendre la route, le pied sur l’accélérateur et la tête toujours au sommet du Puncho. Merci aux organisateurs de m’avoir permis de vivre ces moments.

Le lendemain par contre, levé à 4h30, direction Vergèze pour les interclubs, en mode coach. J’ai quand même pris mes pointes au cas où, et bien mal m’en a pris puisque grâce à des absences je me retrouve à accepter de faire le 400 mètres haies, ce fut dur, on taira le temps, mais je l’ai fait et je pense qu’il y avait encore dans ma tête quelques encouragements du public de la veille qui m’ont menés sur la ligne d’arrivée sans même accrocher une haie.

Au passage, dimanche bravo à tous mes athlètes pour leur perfs !

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