Samedi 2 juin 2018, je me décide à prendre un dossard pour le Semi-Marathon de Carcassonne qui se tient, bah juste le lendemain. Coup de tête, pas vraiment en fait, après un Stage Trail encadré la semaine précédente et une semaine en manque de bornage je me dis que bon, finalement trotter 1h30 au même tempo me fera du bien pour la suite, enfin, même tempo, ça c’est sur le papier, dans la réalité le plan ne va pas dérouler sans accrocs. Dossard en main et soulagé de 30€ je repars avec Marin (qui vient de réussir son passage de grade au judo) sans aucun autre lot que mon bout de papier numéroté. Bon après tout, je connaissais les tarifs et personne ne m’a mis le couteau sous la gorge pour participer, mais ça fait un peu cher du kilomètre.

Dimanche 3 juin, et hop nous y voilà ! on se donne rendez-vous devant Domec à 7h45, enfin pour les courageux Nico, Marco et Jéjé, Emilien et Eric eux préfèrent prolonger leur nuit et n’arriver qu’après 8h15 devant la Cité de Carcassonne où sera donné le départ à 9h. On s’échauffe, on papote, on parle du parcours qui a de moins en moins l’air roulant et à 9h précise BIM les fauves sont lâchés… 700 concurrents pour le semi et une cinquantaine d’équipes sur le relais, soit plus de 800 personnes qui se répandent dans l’étroite rue Trivalle.

Le départ est donné en descente, ce qui donne directement un tempo un peu surélevé, lié à la descente mais aussi et surtout au fait qu’en bas c’est un entonnoir qui pourrait bien se boucher rapidement. Je décide donc de bien me placer tout comme Marco, Emilien et Jéjé qui ont pris les devants. Peu avant le départ on m’avait lancé un « quand-même tu cours enfin à Carcassonne » et c’est vrai que ce départ à domicile est plaisant. Déjà, un peu avant de rentrer sous les ordres du starter, j’avais pu revoir bon nombre de potos carcassonnais, mais là durant les 5 premiers kilomètres qui se passent dans la ville, c’est une succession d’encouragements et de tapes dans la main à la fois par les signaleurs mais aussi par le public réparti de manière éparse sur cette première partie de la course. Du coup je n’enfourche pas encore mon MP3 sur les oreilles, j’attendrai encore un peu pour digérer le parcours en musique. Mais revenons au parcours, après la Trivalle, le Pont Vieux, c’est maintenant dans la rue piétonne que nous continuons d’avancer, virage à gauche et me voici en train de remonter l’avenue qui mène à mon bureau (y a mieux en weekend). Côté tempo il oscille entre 4’10 et 4’15 au kil et tout répond à 100%, n’empêche que réflexion faite ça fait plus de 4km que nous sommes en faux plat montant, du coup le rythme que je voulais m’imposer est faussé. Nous sortons à présent de la ville et là Fouuuuuf (je fais bien le vent hein ?), le vent jusque là atténué par les habitations nous arrive direct en plein nez, rien de bien méchant, enfin un bon 40 à 50 km/h, on a eu pire ici, c’est sur, mais là, malgré la descente qui s’offre à moi, je ne peux l’optimiser. C’est le moment d’enfiler mon MP3 qui, d’ailleurs, ne va plus me quitter. J’avais un peu prévu le coup en sachant que j’allais subir ces kilomètres qui ne t’apportent pas le réconfort de ceux d’un joli trail et de ses panoramas.

Nouveau virage à gauche après un ravito posé au 6ème kilomètre servant également de passage de témoin pour les relayeurs et là… Je comprend… Je comprend que je ne suis pas sur un semi ordinaire car je connais ce chemin et je sais que jusqu’à Pennautier bah ça va grimper, me voilà parti pour 4km en faux plat montant sur un bitume un peu usé par le temps, les intempéries et les tracteurs. Je commence à regretter d’avoir donné des allures à mes padawans, car s’ils s’acharnent à vouloir les tenir dans ces conditions ils risquent d’y laisser pas mal de plumes et l’arrivée est encore loin. Heureusement que sur cette partie le vent est 3/4 dos et qu’il ne vient pas rajouter plus de difficultés au parcours. Mais je n’étais pas au bout de mes surprises ! Après avoir franchi ces 4km en poussant un peu trop la machine me voilà, à la sortie du village devant des montagnes russes. Alors bien sur ce n’est pas de la haute montagne, mais rien n’est plat sur cette portion, c’est juste une succession petites bosses et de petits creux, impossible de maintenir une cadence correcte et/ou de se mettre en mode éco. Mais là encore mieux le vent est maintenant en pleine face et freine d’autant la progression.

Qu’il va être long ce travers de 5km qui doit me mener au canal du midi en passant par Villemoustaussou. Et pourtant bah là encore je n’étais pas au bout de mes surprises. Dans mon imaginaire pour moi lorsque l’on nomme une course « semi-marathon » le parcours est relativement plat, bon là déjà raté, ensuite qui dit « semi-marathon » dit bitume, tant pis si le goudron est de piètre qualité, passe encore, mais là à la sortie de Villemoustaussou au 13ème kil, le goudron devient une denrée rare, de plus en plus rare, il va carrément même disparaître du kil 14,5 au kil 19,5 tout le long du Canal du Midi. Mais juste avant quelques surprises, un petit passage sur un chemin de vigne, un détour par un champ où malgré le passage du girobroyeur des bouts de racines dépassent allègrement à plus de 10cm du sol, sans parler des trous masqués par l’herbe. Enfin juste avant le canal, une longue allée de gravillons sur laquelle roulent des voitures en soulevant de gros nuages de poussières, niveau oxygénation c’est le top ! Sinon j’ai réduit mon allure écoutant mon cardio, cardio qui d’ailleurs se porte plutôt bien (aux alentours des 130), la respiration est bien posée elle aussi, seules les jambes commencent à être moins dynamique. Avant d’entamer les 5km du chemin de halage du Canal du Midi je croise Laurent qui fait quelques foulées avec moi en attendant son relais, sa présence m’oblige à sourire et me fait oublier que j’ai donné de très mauvaises allures à mes athlètes, j’ai peur que Nico notamment ne se soit carbonisé en tentant de les suivre, ou qu’encore Emilien ne se soit enflammé le pissou sur la première partie et soit en train de le regretter sur la fin. Quelques galets au passage d’une écluse viennent rajouter du « plaisir » au parcours et me voilà au bord du Canal. Alors en temps normal pour mes entrainements de plat j’aime bien ces chemins calmes et ombragés, mais là étant en recherche de tempo les appuis ne répondent pas comme si je courrais sur la route, la sablette réduit la phase de poussée qui se ne se termine pas de manière optimale tout comme la phase de traction d’ailleurs qui glissotte un peu plus à chaque appuis en fonction du manque de dynamisme.

Heureusement la musique est là pour me sortir de ce bourbier dans lequel je me suis inscrit de mon plein gré. Le tempo est maintenant tombé au dessus des 4’35 et je n’ai même pas envie d’essayer de relancer. Je passe le lieu-dit de la sablière, une ligne droite, une bosse en gravier, une autre ligne droite et me voilà en train de longer la route, légèrement en contre bas, toujours au bord du Canal. Tiens c’est marrant il y a un défilé de voitures anciennes, mon regard se porte alors vers cette procession de tacots, mais très vite mes poumons se mettent à brûler, les gaz d’échappements de ces véhicules viennent se glisser dans mes alvéoles bien ouvertes. Je peux vous dire qu’ils ne roulent pas écolo car par moment j’étais limite à avoir le souffle coupé et la nausée. Heureusement cela ne va durer « que » 2 kilomètres ! KM 19,5 enfin je renoue avec le goudron, je ne pensais pas dire ça un jour mais pour le coup il m’avait manqué. Les appuis reprennent un peu de leur solidité et mes chaussures retrouvent leur vrai terrain, je me demande presque aujourd’hui si je n’aurai pas du partir en chaussures de trail légères. Un petit coucou à mon père qui s’est retrouvé signaleur sur le parcours et j’entreprends les derniers 1500 mètres. Bon là RAS, devant c’est loin, derrière aussi alors je maintiens mon rythme. J’enjambe le pont neuf, repasse dessous et vois Isa, Marin et Théo à 400 mètres de la ligne. Sous les encouragements de Marin je relance un peu la machine et BIM me voilà sous l’arche en 41ème position en un peu plus d’1h36′. J’ai droit à une belle médaille (seul présent offert par l’organisation avec 30€ de participation) que je donne à Marin qui en est bien fier. Heureusement que côté groupe il y a de belles satisfactions et de belles places : Marco 3ème (1h21), Emilien 6ème (1h23), Jérôme 17ème (1h29), Eric 61ème et Nicolas 152ème sans parler de la victoire du challenge entreprise pour Claire et Laurent en relais.

Je vais retrouver ma mère ainsi que des amis de l’association GAEL embauchés pour l’occasion au ravitaillement d’arrivée, puis dresse avec mes athlètes un petit bilan du semi. Tout le monde est unanime quand au parcours, ce n’est pas un parcours de semi, d’ailleurs après confrontation des GPS nous voilà avec 21,4km au compteur et 175m de D+. Côté orga heureusement que les bénévoles étaient présents avec leur bonne humeur, ça a aidé à digérer la pilule. Je leur rend d’autant plus hommage car se sont eux qui étaient en première ligne des critiques des coureurs ou des automobilistes bloqués par la course alors que « l’organisation en chef » était massée au car podium. Ce sont encore eux qui au ravitaillement d’arrivée ont du essuyer quelques critiques car les quantités étaient un peu juste pour les derniers. Bref chapeau les bénévoles !

Vient alors le moment des podiums, on se dit que compte tenu du tarif et du monde, Marco qui est 3ème scratch et 2ème sénior va être gâté. Première surprise pas de récompenses scratch (bon c’était dans le règlement donc rien à dire). En revanche le voir partir avec pour seuls présents une bouteille de vin et une ardoise floquée faisant office de trophée, c’est là encore un peu limite. Heureusement qu’entre amis nous avons passé une bonne fin de matinée, que la joie de Marco était communicative, tout comme celle de Nico qui en terminait avec sa plus longue distance, et qu’Arthur a réussi à nous trouver quelques bières sur une arrivée où la tireuse était absente. Bref me concernant une course à l’intérêt sportif limité avec un tarif élevé, mais bon je ne peux m’en prendre qu’à moi même, j’ai signé de mon propre chef ! Et puis bon quand même j’ai fait tourner les guiboles pendant 1h36 et mine de rien ça servira toujours.

La suite : Normalement pas de dossard avant le 21 juillet où je participerai pour la seconde fois à l’UTMC avec ses 86km pour 4700D+, et là je sais que je ne serai pas déçu par le parcours concocté par Guillaume et sa troupe !

To Be Continued …

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